lundi 1 juin 2009

Arnaud Danjean: "L'Europe c'est notre quotidien".

Arnaud Danjean : « L'Europe c'est notre quotidien »

Arnaud Danjean a été, pendant 12 ans, chargé des affaires yougoslaves. Photo Clément Renard

Arnaud Danjean a été, pendant 12 ans, chargé des affaires yougoslaves. Photo Clément Renard

UMP. Cet ancien de la DGSE est 3e de liste, en position éligible, pour les élections européennes

interview

par Emmanuel Hasle

Ne pas avoir de mandat électif, est-ce un handicap quand on fait campagne ?

« On le dit parfois. Et certains de mes concurrents à la course à l'investiture l'ont dit. Il faut savoir ce que l'on veut : il faut bien commencer à un moment ou à un autre. On se plaint suffisamment de gens qui cumulent trop de mandats. D'un autre côté, si on ne donne pas leur chance aux jeunes…

Ne pas avoir de mandat électif à 37 ans et se lancer dans une élection, ce n'est pas une honte. L'important, c'est une forme de compétence et ne pas se lancer sur des mandats pour lesquels on ne se sent pas la capacité de le faire. Or, sur le mandat européen, je pense avoir des compétences à faire valoir. »

La campagne est très courte. Comment faites-vous sur le terrain ?

« On a dix-huit départements à couvrir pour la grande région Est. C'est considérable (...) La journée de campagne classique : rencontre avec des socioprofessionnels. C'est très important de voir le tissu socio-économique local, et en particulier les secteurs qui connaissent l'Europe, comme le milieu agricole, qui est très exigeant vis-à-vis de l'Europe. »

L'argument qui veut que plus il y aura d'abstention, plus cela bénéficiera à l'UMP n'est-il pas fondé ?

« Non, je ne le verrais pas comme ça. C'est une façon très politicienne de présenter les choses. Même si ça peut correspondre à une forme de réalité électorale.

Ce qu'il faut dire, c'est que, nous, on arrive à mobiliser notre électorat. Si la gauche n'arrive pas à mobiliser son électorat, c'est son problème. C'est qu'elle ne sait pas lui parler, qu'elle ne sait pas lui parler d'Europe. Et c'est grave. On a besoin de gens qui s'intéressent à l'Europe, quel que soit le bulletin de vote qu'ils vont glisser dans l'urne. »

Si vous êtes élu, quelle sera votre priorité ?

« Ce sera de recréer un lien qui n'est pas évident pour la majeure partie de nos concitoyens. Un lien très fort entre le territoire couvert par le député européen, la circonscription dans laquelle il se fait élire, et le travail qu'il peut fournir dans les instances européennes. Ce lien a été distendu. »

Ce « lien », vous le traduisez comment ?

« Ce lien exige une présence sur le terrain. Il y a beaucoup de travail en commission, il faut y être. On ne peut pas à la fois critiquer les députés européens parce qu'on dit qu'ils sont toujours absents de Bruxelles et en même temps exiger qu'ils soient 7 jours sur 7 dans leur circonscription. Il faut trouver un équilibre. Je ne dis pas que ce sera simple.

Il faut que les gens puissent identifier qui est leur député européen, ce qu'il fait et les comptes qu'ils peuvent lui demander. Il n'est pas responsable de tout mais ça exige beaucoup plus de disponibilité de la part du député européen vis-à-vis de son électorat. Il faut cette identification. Ça me paraît fondamental. »

Vous ne craignez pas qu'on vous taxe de technocrate ?

« L'image de technocrate s'attache plus à la commission qui, il est vrai, est assez opaque. On est toujours surpris à Bruxelles par la lenteur, l'opacité et la lourdeur des procédures qui sont gérées par la commission en particulier.

Concernant le Parlement, j'ai bon espoir qu'avec le nouveau traité, qui je l'espère entrera en vigueur l'année prochaine, et l'accroissement des pouvoirs du Parlement, on puisse justement mieux réaliser et se rendre compte du rôle politique des parlementaires. C'est vrai que le Parlement a beaucoup été confiné dans des législations techniques et que ça pouvait accréditer cette image de technocrate. »

Vous êtes d'accord avec ce clivage d'une Europe de droite libérale et d'une Europe de gauche sociale ?

« Ça, ce sont les vieux slogans du PS. Comme ils sont en mal d'idées, de substance, et qu'ils sont à peu près d'accord sur rien à propos de l'Europe, je comprends qu'ils veulent botter en touche. C'est beaucoup plus compliqué que ça (...) L'Europe sociale, il faut savoir de quoi on parle. Si c'est une Europe sociale au rabais, ça ne nous intéresse pas. Je préfère, compte tenu des éléments de crise, que la politique sociale reste de la compétence des Etats.

Il ne faut pas se faire d'illusions : sur les vingt-sept pays, on est très peu à avoir une conception sociale aussi exigeante que celle de la France. Demain, si on faisait voter à Bruxelles, on serait plutôt vers une Europe sociale a minima(...) Alors, oui, il va falloir aller vers plus d'harmonisation sociale, mais par le haut. Ça prend du temps et il faut être pragmatique. »

Quel argument avanceriez-vous pour convaincre les électeurs qui seraient encore indécis pour ces Européennes ?

« Je leur dirais d'abord que l'Europe, c'est notre quotidien. Il est trop grave de ne pas s'en préoccuper. L'Europe, il vaut mieux la faire que la subir, il vaut mieux agir que subir de toute façon. Donc l'Europe de demain, celle qui va commencer avec le renouvellement du Parlement, de la commission, de l'exécutif, cette Europe-là sera ce que nous voudrons en faire. Le message clé, c'est ça : allez voter. Franchement, l'acte civique par excellence, c'est de voter pour les élections européennes. L'Europe, c'est notre horizon indépassable. »

e.hasle@lebienpublic.fr

info Cette interview a été réalisée le mercredi 27 mai, à Dijon.

Âgé de 38 ans, Arnaud Danjean

est encarté à l'UMP et est originaire de Saône-et-Loire. Il s'est présenté contre Arnaud Montebourg lors des législatives de 2007 et a perdu de très peu. Il a décroché une place sur la liste conduite par Joseph Daul pour ces Européennes.

Publié le 31/05/2009

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